Parmi toutes les figures du Panthéon, s’il en est une auquel le genre humain peut être redevable, c’est celle de Prométhée ! Éternel supporter du genre humain, Prométhée est le premier dieu « philanthrope », le seul qui se soit opposé à sa destruction pure et simple lorsque Zeus a décrété qu’il voulait une race meilleure.
Les anciens Grecs n’étaient pas chrétiens, mais ils avaient bien une idée du barbu bienveillant à qui ils devaient le feu de l’intelligence technique et des arts. Prométhée, agent provocateur ou bienfaiteur de l’humanité ? Quand un dieu peut être rebelle, idéaliste et faire de la prison pour ses idées.
Mythologie
Certaines sources disent que Prométhée était un titan. Son père Japet en était un, sa mère Clymène était une titanide, mais c’était aussi le cas des parents de Zeus, et personne n’a soutenu pour autant qu’il était un titan lui-même… En réalité, techniquement Prométhée est juste un cousin de Zeus. Prométhée était le plus rusé et le plus sage des dieux (avant l’apparition d’Hermès et Athéna). Peut-être à cause de la guerre qu’a menée Zeus contre les titans et de l’inimitié personnelle existant entre eux, Prométhée a-t-il été « automatiquement » qualifié de titan, comme si tout ce qui s’opposait à la volonté divine en exercice ne pouvait être qu’un titan… En réalité le nom même de Prométhée signifie « le prévoyant », ce qui dans son cas impliquait également qu’il avait un petit talent de « voyant » tout court ! Connaissant par avance l’issue de la titanomachie (la guerre contre les titans), il avait choisi de soutenir Zeus.
Prométhée avait quelques frères, dont les plus connus étaient Atlas et Epiméthée. Lorsque les dieux avaient décidé qu’il était temps pour l’homme de faire son apparition avec les autres races naturelles, Epiméthée qui était aussi étourdi que son frère était malin, avait prié qu’on le laisse faire le partage des qualités, et autant il n’a pas fait un trop mauvais boulot avec les animaux, autant, ne sachant pas trop quoi faire des hommes, ils ne leur avait rien donné. Prométhée devait observer le résultat de ce partage et il fut extrêmement préoccupé… Les humains étaient les créatures les plus nues et les plus faibles ! Dépourvus d’intelligence et de capacités naturelles défensives, ils étaient des proies faciles pour les animaux. Lorsqu’ils essayaient de se rassembler dans des villes, ils s’en prenaient les uns aux autres, lorsqu’ils se séparaient, ils étaient attaqués par les bêtes : l’espèce était menacée. Prométhée se dit qu’il fallait réagir en leur donnant une chance de se défendre.
Héphaïstos et Athéna faisaient labo de recherches commun : comme Prométhée était une sorte de parrain officieux de cette dernière, elle l’avait laissé entrer. Prométhée déroba un peu de feu à la forge d’Héphaïstos ainsi que la capacité de l’utiliser dans les arts pratiques, prise à Athéna. Bien sûr, ceci n’était pas suffisant, il manquait encore à l’homme la connaissance de l’art politique et militaire, mais ces sanctuaires-là étaient mieux gardés sur l’Olympe et Prométhée était pressé. Il revint sans.
Zeus voyait d’un très mauvais œil le développement des créatures humaines dont les pouvoirs étaient sans cesse croissants. Les hommes étaient modelés à l’image des dieux et l’intelligence neuve qu’on venait de leur donner leur permit de les reconnaître et de leur élever des autels et des temples. Malgré cela, Zeus persistait à trouver cette race méchante et sans valeur, et se promettait d’effacer ce brouillon pour laisser la place à une nouvelle race plus aboutie. Pas un olympien ne trouvait cette idée révoltante…
C’était l’époque où les dieux et les hommes partageaient encore leurs repas ensemble mais aussi celle qui marqua le début d’une profonde scission. On pourrait nommer cet épisode en apparence anodin « le bœuf de la discorde ». Chacun sait combien les repas de famille peuvent être plombants, et c’est bien ce qui se passa lorsqu’une querelle éclata parmi les hommes à propos des morceaux du bœuf qu’on devait attribuer aux hommes et aux dieux. Il était admis que les dieux devaient recevoir la meilleure part, mais il n’est pas exclu que certains aient pu penser qu’il était dommage et inutile de se contenter de bas morceaux et de brûler le reste quand tout le monde savait bien que les dieux se nourrissaient d’ambroisie… Prométhée fut appelé à la rescousse pour trancher le différend, et il fit deux paquets : l’un contenant toute la chair cachée sous l’estomac peu ragoûtant de la bête, l’autre contenant juste les os recouverts d’une belle graisse blanche. Puis il demanda à Zeus de choisir pour les dieux la part qui lui convenait le mieux.
D’aucuns prennent Zeus pour un idiot, qu’il n’était pas, et affirment qu’il s’est laissé berner. La vérité était que les deux cousins étaient d’une égale valeur en matière de fourberie et que Zeus a fait exprès de choisir le paquet plein d’os, histoire d’avoir un motif pour se mettre officiellement très en colère. Première mesure épidermique et viscérale : leur retirer le feu. Deuxième mesure préméditée : leur dépêcher un malheur qu’ils adoreraient et qui les perdrait (Pandore). Troisième mesure : condamner Prométhée à un châtiment éternel bien humiliant : être attaché nu sur le mont Caucase pendant qu’un aigle lui mangeraient son éternel foie (qui repoussait tous les jours). Un truc que le prévoyant n’avait pas vu venir… ?
Pendant tout son enchaînement au Mont Caucase, Prométhée endure tout en silence.
Je vous entends penser d’ici que la mansuétude et la bienveillance de Zeus gagnent à être réévalués à la lueur des pièces versées au dossier. C’est très exactement la ligne de défense adoptée par Prométhée tandis que du fin fond de son Tartare, il commence alors à lancer des invitations afin que chacun puisse contempler par lui-même combien il est pitoyable et honteux, combien le traitement qu’on lui réserve est indigne de la grandeur de son juge… et du dieu qu’il est lui-même. Prométhée enchaîné est intarissable : les Océanides qui lui rendent visite remarquent très vite le contraste étonnant pour elles entre l’entrave de ses membres et la « liberté de sa bouche » (parole). Elles en parlent à leur père Océanos, un titan que Zeus aimait bien. Prométhée continue à parler et à expliquer les bienfaits sans nombre qu’il a accordés à l’humanité quitte à en rajouter un peu : sciences, techniques, qualité de vie.... Le bougre est d’autant plus convaincant que l’humanité ne va pas vraiment pas fort.
Pendant le temps de son emprisonnement, Zeus a ourdi son plan et a dépêché aux hommes… la première femme Pandore, belle comme une déesse. Il a aussi exigé le mariage de Pandore et Epiméthée, et ce dernier connaissant la disgrâce frappant sa famille, avec deux frères déjà suppliciés (dont Atlas) a bravement fait ce que Zeus commandait. Il a épousé Pandore, elle a accompli le destin pour lequel elle avait été conçue, l’humanité s’est retrouvée frappée de tous les maux. Et a bien failli y rester.
Prométhée sur son rocher continue à parler et à prophétiser. Il parle du destin d’Io et des malheurs sans nom qui ont été les siens pour avoir « l’honneur » d’être aimée de Zeus… et l’air de rien, il annonce que si Zeus s’unissait à Thémis (pour laquelle il avait une profonde inclinaison de jeunesse), le fils qui naîtrait de leur union le dépasserait en gloire et en renom… Chantage ? Zeus songe à la malédiction familiale qui frappe les siens et se dit que s’il passait outre, il pourrait bien connaître le même sort que celui qu’il avait réservé à son père…
Comme il a envie d’en savoir plus, il commence à regretter le sort qu’il a fait subir à Prométhée envers lequel il se sent un peu plus redevable. Il est mûr pour laisser intervenir son fils Héraclès, qui va abattre l’aigle. Les enfants de Prométhée et Epiméthée, Deucalion et Pyrrha sont vertueux et respectueux des dieux, Zeus dépêche alors Hermès pour que la nouvelle humanité dont ils sont les géniteurs puisse recevoir en partage égal le sens de la justice et de la moralité.
Mais Zeus hésite encore à pardonner. Il avait condamné Prométhée à un châtiment éternel… Afin de ne pas avoir l’air de perdre trop la face, il libère Prométhée avec l’exigence qu’il porte à jamais un anneau où soit serti un morceau du Caucase où il était attaché...
Possibles conséquences astrologiques
Ce long rappel mythologique présente un portrait plus nuancé que celui que vous trouverez habituellement de Prométhée. Selon Zeus, Prométhée n’est qu’un démagogue qui rêve d’être calife à la place du calife, un m’as-tu vu à l’ego surdimensionné, un fauteur de trouble qui passe son temps à défier son autorité. Selon Prométhée, Zeus est un tyran autocrate et snob qui a un peu trop l’habitude que tout le monde tremble et s’exécute devant lui, sans jamais se remettre en question. Zeus apprendra que, comme Diego, Prométhée enchaîné reste libre dans sa tête, et ce alors même qu’il n’est aucunement plénipotentiaire… Une leçon intéressante.
Le « prométhéen » (celui qui a l’astéroïde Prometheus valorisé en thème) peut donc présenter les caractéristiques distinctives suivantes : c’est un solitaire de fait (les soutiens ne se bousculent pas étant donné ce à quoi il s’attaque sans peur), c’est un philanthrope qui s’intéresse à l’humanité en tant que collectif et se soucie d’elle (mais il n’est pas forcément perçu comme sincère).
Il peut avoir un problème avec l’autorité, et puisqu’il va au bout de ses convictions idéalistes, il peut donc croupir en geôle comme beaucoup de prisonniers politiques ou d’intellectuels qui énervent les pouvoirs en place. La liberté et sa privation est forcément une thématique majeure.
Le prométhéen peut également être un « visionnaire » (le voyant) dont l’intelligence conceptuelle et pratique, associée à la « bienveillance » qui est la sienne, mettent à disposition de l’humanité quelque avancée technologique majeure qui changera radicalement son quotidien pour organiser de nouveaux standards de vie. C’est un accélérateur de niveau, un changeur de braquet.
Adulé par les uns, honni par les autres, d’après le mythe c’est un orateur infatigable et extensif parfois moqueur qui croit au pouvoir des mots et à l’exemplarité (de son cas ?).
Mais il est partial et orienté : la preuve, il soutient indéfectiblement ceux qu’il aime, par principe. S’il est impliqué dans la justice ce n’est pas comme juge neutre, mais davantage comme avocat de la défense… ou sur le banc des accusés ! Là encore, le prométhéen manifeste une certaine capacité à « s’en sortir sur le fil ».
Le dieu a une nature endurante, il est capable d’endurer de gros stress, mais gageons qu’un simple humain pourrait payer le prix au niveau santé. Le mythe évoque le foie, chaque jour dépecé et mangé par une bête, d’autres variantes parlent du cœur (ce qui symboliquement n’est pas tout à fait la même chose).
Astronomie : astéroïde 1809 Prometheus
Bien qu'il existe une lune de Saturne appelée Prométhée, c'est à l'astéroïde de la Ceinture Principale que je ferai référence. Portant le n°1809, il a été découvert le 24 septembre 1960 à l'observatoire de Palomar par une équipe de 3 personnes (van Houten, van Houten-Groeneveld et Gehrels).
Il fait le tour du Soleil en un peu plus de 5 ans. Il y a fort peu d'informations à son sujet. On ne connaît pas sa taille.
Eléments épars du thème de découverte
(Edit du 22 janvier 2015) Heure donnée par Richard Doyle : 10h30 TU. L'Ascendant passe en Lion proche d'Uranus. Le texte ci-dessous est à mettre à jour.
Dans le thème de découverte de l'astéroïde Prométheus, il est positionné rétrograde au 14e degré du remuant, indépendant et entêté Bélier.
Le degré sabian concerné très "édénique" (un couple et un serpent) ne me parait pas spontanément ou spécifiquement connecté au mythe mais l'astéroïde n'avance pas dans la journée.
Le degré du Soleil 3e Balance évoque "L'aube d'un jour nouveau dévoile un changement total", et il me semble convenir parfaitement au type de prise de consciences induites par des actions prométhéennes.
Parce que Prométhée est défini comme "fourbe" par certains auteurs (c'était déjà le cas d'Ulysse "aux mille ruses") ou en tous cas assez bavard, alors même que son silence est encore plus éloquent, on pourrait proposer sans démériter un possible Ascendant Gémeaux (thème de découverte après le coucher du soleil autour de 22h30).
Dans ce signe, plusieurs degrés sabians sont intéressants si l'on en cherche qui comportent une note idéaliste ...
Au hasard, le 16e qui m'a bien plu (on se demande pourquoi) : "une militante parle avec émotion de la cause qu'elle défend" dont l'interprétation proposée est : réaction passionnée à une nouvelle expérience vécue au plus profond de soi-même.
La carte de découverte est de type bol, ouverte par Mars près de l'ascendant et fermée par Saturne, toute sous l'horizon. On peut y relever que Jupiter est en domicile, qu'il oppose largement à Mars. Ces protagonistes sont pris dans une figure de grand carré (très moteur et très tendu) dont le Soleil et l'astéroïde Prométheus sont les autres pôles. Cependant Jupiter lui-même forme un tridécile avec Prometheus (108°). On aurait pu s'attendre à une collision plus frontale.
Au moment de la rédaction de cette note, Prometheus est dans le Bélier, autour du 7e degré, donc pas très loin de son degré de découverte.
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