Bienvenue aux petits poucets

Ce blog propose de courts billets en rapport avec l'astrologie des astéroïdes.
Son objectif est de les faire découvrir, ensuite de faire circuler l'information disponible, et de renvoyer vers des liens ou des publications qui en parlent...

Le Gravier Cosmique
fait partie de la constellation de L'OEIL D'HOROS, mon site personnel d'astrologie

vendredi 28 juin 2013

Sisyphus 1866

Dans la catégorie des "petits malins", j'appelle Sisyphe ! Un mini astéroïde prometteur qui a inspiré plusieurs auteurs étrangers au point qu'on trouve pas mal de choses à son sujet... Point n'est besoin d'avoir son brevet de mythologie pour comprendre cet adage populaire qui lui sied à merveille : 100 fois sur le métier remettez votre ouvrage.



Martha Wescott en fait un marqueur de l'opiniâtreté. Comme une écrasante majorité des auteurs (astrologiques), elle analyse le sens de l'astéroïde grâce à l'expression populaire qui est restée.
Ainsi, de même que c'est l'expression "ouvrir la boite de Pandore" qui permet d'interpréter l'astéroïde Pandora (plutôt que l'étude du mythe et du caractère du personnage) de même Sisyphus ne garde presque rien de la redoutable intelligence roublarde du personnage mythologique dont il porte le nom, pour se cantonner à l'expression qui qualifie quelque chose de "rocher de Sisyphe" pour désigner une tâche à la fois "pénible et vaine", identique à celle qui fut sa punition dans le Tartare.

Mythologie : qui est Sisyphe ?

Il s'agit du fondateur légendaire de la ville de Corinthe. Homère évoque sa figure dans l'Illiade, et il est connu pour être alors "le plus astucieux des hommes". Vous pensiez que la ruse était l'apanage d'Ulysse ? Disons que Sisyphe était bien pire, car à moins de s'y rendre pour visiter des vieux potes de guerre, Ulysse n'a pas fini au plus profond des Enfers.
Ce qu'il a fait durant sa vie ne prêtait pas à controverse : comme tant d'autres, il a menti, volé, violé, tué. Ce qui ne passe pas du tout dans les mythes : c'est le crime de lèse-divinité. Et là Sisyphe s'est illustré ! Sisyphe ne voulait pas mourir. Par deux fois, il a trompé Thanatos, et s'est échappé pour revenir parmi les vivants en utilisant la ruse (ainsi que la manipulation et le mensonge). A la limite, on aurait peut être pu lui pardonner ça. Mais lorsqu'il a dénoncé Zeus pour un énième adultère, cela a fini par agacer les dieux qui l'on traité comme un récidiviste abusant de leur patience... et l'ont expédié au mitard des Enfers.
Et voici comment le plus astucieux des hommes qui pouvait s'enorgueillir de nombreuses réussites dans sa vie, comme par exemple être rien moins que l'époux d'une Pléiade (et oui !), se retrouve exposé à une mort très éloignée du "repos éternel" où toute son intelligence ne sert strictement à rien. Il est condamné à pousser un gros rocher sur une pente ascendante tout en haut d'une montagne. L'histoire ne dit pas ce qu'il se passerait, ni ce qu'on lui aurait promis, s'il arrivait à la pousser pour qu'elle roule de l'autre côté : car une fois qu'il est arrivé au sommet, faute de pouvoir la caler quelque part, elle redévale la montagne en sens inverse. Et Sisyphe doit redescendre, et recommencer à monter son rocher.



Quel sens peut on trouver à tout cela ?

Son plus grand crime a été de vouloir rouler les dieux. En enchaînant Thanatos par deux fois, c'est la mort elle-même qu'il tente de tuer. Il refuse l'inévitable fin à laquelle nous sommes tous soumis. Sa punition est "adaptée" dans le sens où elle le maintient dans une existence qui ne connait ni changement ni fin, comme il semblait le désirer en mettant la mort hors jeu.

A un autre niveau, il est possible que Sisyphe nous touche parce qu'il met le doigt sur un sentiment latent d'inanité. La tâche qu'on lui a assignée était parfaitement inutile. Parfois, dans nos heures les plus sombres, nous nous demandons à quoi bon tout cela, et si cela a réellement un sens. Nous trouvons que nous patinons sur une routine qui tourne en boucle : se réveiller, aller au travail, rentrer à la maison, faire le ménage, donner le dîner aux enfants, se coucher, se réveiller, aller au travail, rentrer à la maison...

Et quand cela nous arrive, nous tentons de trouver un sens dans la religion, ou dans la spiritualité, en nous disant que tout nous sera révélé quand nous passerons de l'autre côté. Mais Sisyphe y est déjà. Et ça n'a toujours aucun sens. Peut-on imaginer l'horreur que ce serait s'il n'y avait toujours rien de plus que cela ? Et pas plus de signification ? C'est l'une des questions soulevées par le mythe de Sisyphe.

Sisyphus dans le thème

En thème, Sisyphus peut révéler à quel endroit nous aurions tendance à répéter les mêmes erreurs, ou bien à nous retrouver coincé dans les mêmes schémas par peur du changement. Plus on s'accroche pour tenir bon, plus le fardeau est lourd, jusqu'à ce qu'il nous renverse et nous pousse à recommencer, alors qu'un nouveau cycle se répète.

Sans changement, la vie est monotone. Arès montre une indignation justifiée lorsque la Mort est enchaînée. Nous avons tous besoin de défis. Sans but, sans passion, sans motivation, la vie stagne.

Il n'est pas exclus toutefois, qu'une petite part de nous puisse admirer Sisyphe pour son refus complet de la mort et pour sa capacité à répéter une tâche vouée à l'échec jusqu'à la fin des temps. En lui, nous pourrions voir alors l'attitude si typiquement humaine qui consiste à ne jamais abandonner. Et du coup, il incarne un fragment de cet indomptable esprit humain, qui lui, ne s'éteindra jamais, prêt à trouver du sens là où il n'y en a pas, et prêt à vivre debout face à la mort.

Peut-être que le versant le plus positif de cet astéroïde est le don de persévérance alors même qu'on n'a aucune idée de l'issue. Il pourrait montrer où nous trouvons du sens dans notre quotidien et pas uniquement dans nos réussites ou les batailles que nous gagnons.

Astronomie et thème de découverte

Sisyphus est un tout petit astéroïde Apollo de 8,5 km. La famille des Apollo est surveillée comme le lait sur le feu par la Nasa puisque leurs orbites recoupent celles de la Terre. Il fait le tour du Zodiaque en seulement 2 ans et demi.
Il a été découvert à Berne en Suisse par Paul Wild le 5 décembre 1972 à 02h28. Des coordonnées précises, ça se fête !


Il y a des planètes angulaires qu'on ne peut manquer : Pluton à l'Ascendant nous plante bien le décor du Tartare, Chiron au Descendant illustre la blessure infligée par ses ennemis déclarés, Jupiter en Capricorne, n'est-il pas le sens profond qu'il doit trouver en lui là haut sur sa "montagne" ? Comme il est conjoint également au Noeud Nord, cette mission semble prioritaire. Il n'est plus temps de trouver des réconforts échappatoires à l'extérieur de soi et dans le monde (MC en Cancer, dont le maître est conjoint à Neptune).
Intéressante également l'opposition du Soleil à Saturne. Ne s'agit il pas doublement ici de "faire face" (opposition) à un mur de pierre dont on ne trouve pas le double-sens (Sagittaire-Gémeaux) ? C'est aussi une position qui montre parfois un conflit avec l'autorité : Sisyphe s'est opposé aux Dieux, il a voulu ruser avec eux (Gémeaux), ils l'ont pris au mot et "sentencié" au pied de la lettre...
L'important rassemblement de planètes personnelles se trouvant en maison II parle peut-être du développement du sens de sa valeur propre (ou ses valeurs personnelles), à chercher non pas sur des sommets extérieurs mais dans des profondeurs intimes du Scorpion.

Sisyphus a été découvert à 19°47 du Taureau. Son symbole sabian est : un ciel strié de nuages en forme d'ailes. Le commentaire de D. Rudhyar à ce propos est : "la conscience des forces spirituelles à l'oeuvre".
Pas sûr que Sisyphe puisse voir dans ces ailes, l'indice de ceux qui nous gardent et nous regardent lorsque notre vie se fait plus dure.

Camus nous en parle positivement comme de "cette force qui nous pousse à renier les dieux et à soulever des montagnes".

Suggestions de mots clés pour Sisyphus

Recommencement, répétition, absence de signification, essayer encore, ascension, tâche ingrate, lutte éternelle, exaspération, frustration, mise à l'épreuve, aucun accomplissement, absurdité de la vie, futilité, tromper la mort, arriver nullepart (ne mener à rien).
Trouver la foi dans le quotidien, garder la foi quand tout le reste échoue, croire sans preuve, apprécier le voyage plutôt que la destination, accepter que tout change, s'en remettre à la volonté des dieux, accepter son destin.

>> Ephémérides de Sisyphus sur True Node

6 commentaires:

  1. "Il faut imaginer Sisyphe heureux." concluait Camus... C'était sa foi ?
    Coucou Anna et merci encore !
    Jacline

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    1. c'est "amusant" de retrouver "Sisyphe heureux", c'était la phrase réponse entendue quand je trouvais mon travail bien trop répétitif !

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  2. La conclusion d'un long développement philosophique exécuté dans son ouvrage "Le Mythe de Sisyphe", plutôt. Je l'ai lu il y a longtemps (en Terminale) mais hélas, j'ai tout oublié ! :-D

    Actuellement, Sisyphus transite mon Pluton natal, c'est raccord avec la thématique...

    Comme c'est en Vierge, je me dis que la taille du caillou importe sans doute peu (oh j'ai déjà dit ça maintes fois dans un autre contexte...), même s'il a la forme d'un grain de poussière. La poussière, c'est jamais gagné, quand on l'a faite une fois, on peut recommencer. Encore et encore. Le ménage, pour moi c'est Sisyphéen !

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  3. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le "Mythe de Sisyphe" de Camus... Le lien ci-dessous est là.
    Il le caractérise comme un type de héros "absurde" (par rapport au questionnement sur le "non-sens" de sa vie).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Mythe_de_Sisyphe

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  4. Bonjour à tous... et encore merci Anna pour ce superbe article.

    Petite réflexion rapide: [...] En enchaînant Thanatos par deux fois, c'est la mort elle-même qu'il tente de tuer. Il refuse l'inévitable fin à laquelle nous sommes tous soumis. [...]

    La mort symbolise une transformation qui nous permet de passer d'un état de conscience à un autre. En refusant cette transformation... qui s'offre à lui à deux reprises... on perçoit que Sisyphus est effectivement inconscient de cette "opportunité" qui s'offre à lui... à deux reprises... d'évoluer en conscience.

    Le fait qu'il est justement assigner à un travail qui ne conduit nul part... et qu'il recommence à chaque fois le même travail... reflète bien le fait qu'il est inconscient, et qu'il est pris dans ce "cercle vicieux".

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  5. Bonjour Richard, et tous,

    Le domaine où se trouve donc notre Sisyphus, est peut-être plus que d'autres exposé à des répétitions, qu'il est possible d'observer, sans toutefois forcément les intégrer.

    Le mien est rétrograde. Je ne sais d'ailleurs pas dans quelle mesure sa rétrogradation est à interpréter comme un Sisyphe qui au lieu de pousser son rocher vers un sommet tenterait de le retenir de tomber alors qu'il dévale le versant ? :-D

    Je l'ai dans le 6e secteur ce qui est à la fois un indicateur ténu de ma très bonne adaptation à la routine. C'est quelque chose que je supporte très bien, notamment sur le plan physique : manger à heures fixes, avoir des horaires réguliers.
    Le côté routinier de mon travail est lié à l'inévitable dimension cyclique de la presse : les parutions sont mensuelles, il faut donc opérer tous les mois des actions similaires à la même période.
    Je trouve que cette routine est rassurante.
    Comme c'est très rassurant de voir le soleil qui se lève chaque matin...

    A cet égard, certains auteurs associent Sisyphe à un petit scarabée égyptien, le rocher/boulette devenant un symbole du soleil qui après avoir opéré sa course diurne, semble être revenu à son point de départ.

    D'autres planètes (Pluton et Uranus) dans ma 6e viennent troubler, pour ne pas dire agiter à gros bouillons, ce long fleuve tranquille offert par le cadre sécurisant de la routine.

    Je relève qu'avec un trigone de Sisyphe à Mercure, l'opiniâtreté à tenter de communiquer (ce qui en soit me parait difficile ou impossible) s'impose, sans aucune remise en question ni de la pertinence du message, ni de sa formulation, ni même de savoir si l'interlocuteur est le bon. :-D Les embuches et les échecs ne font pas laisser tomber.
    Sisyphus est l'anti lâcher-prise par excellence.

    Dans quelles circonstances faut-il persister malgré l'adversité ? Quand commence l'entêtement aveugle et l'inconscience ? Est-il plus judicieux de tenir bon ou de laisser aller ? Voici de petites questions que je propose pour réfléchir de façon nuancée à Sisyphus, histoire de ne pas en faire uniquement l’astéroïde du refus d'évolution...

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