L'astéroïde Pan est en visite dans le Taureau de Vénus. C'est le moment de fêter ça. Sans doute pas avec plus d'informations sur son lieu de résidence habituelle, ses mensurations, la fréquence de son rythme... Jamais au premier rendez-vous, enfin... !
Voici donc une approche différente avec un de mes sonnets datant de mai 1999. Spéciale dédicace à Yolande qui veut pouvoir lire des trucs dans ce blog...
Faune éthique pour aphone amazone
Viens t'en sous les portiques avec moi, ma guerrière !
Lâche un peu ton épée, ton cheval et ton arc.
Défronce ton sourcil. Lisse ta moue de Parque...
De mon coeur imprudent exauce la prière !
Mets tes doigts dans les miens, ma mignonne amazone,
Repose à mon épaule tes combats héroïques
Et fredonne en silence ta bravade ironique :
Viens partager sans peur l'après-midi d'un faune !
Rengaine ta rapière... (Fi donc ! L'oeil de Gorgone !)
Belle, redeviens fragile le temps que je te donne
Mon baiser d'amoureux sur ton col impudique.
En vain, tu secoueras les flamboyants aspics
Qui ornent en couronne ta tête de sorcière,
Car ta lame luit moins fort que ta propre lumière.
Par le biais d'une analyse qui aura soin de ne pas dissocier le fond de la forme, montrez que le vernis antique apposé sur ce sonnet ne sert qu'à révéler la thématique classique de la première déclaration et les risques psychologiques inhérents à la possibilité qu'elle soit rejetée. Pour vous aider, vous tracerez un portrait des deux protagonistes tels qu'ils vous sont dépeints et vous direz ce que vous inspire le fait que l'auteur n'est pas un homme.
Vous avez deux heures.
Au fond de la salle, un élève soupire à fendre l'âme. "Non mais c'est pas possible, m'sieur, j'y comprends rien".
-- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
-- Mais... tout !!!!
Le professeur refronce son sourcil et arbore à son tour une moue de Parque.
-- Bon très bien. Exceptionnellement pour cette fois, je vais traduire. Cessez ce chahut.
Une certaine concentration se fait jour au milieu des couinements de chaise et des décapuchonages de stylos.
"Hey madmoazel, madmoazel ! Vous êtes bien charmante... Ça vous dirait d'aller à Auchan, dans la galerie ? Quoi ça "occupée"... Faites pas cette tête ! Je vous jure, ch'uis pas une racaille. Allez quoi, v'nez !...
Z'êtes véner pour des embrouilles ? Allez c'est pas grave, ça vous fera une pause.... Wowowo, m'agressez pas ! Mollo ! J'dis ça moi, j'dis rien, c'est juste pour causer parce que j'veux sortir avec vous. Faut pas m'dire non.
Toute façon, vous êtes trop belle !"
Silence méditatif.
L'élève du fond lève le doigt.
"M'sieur, vous êtes sûr que c'est ça que ça veut dire ?".
-- Vous savez ce que c'est la traduction, on en perd toujours un peu au passage... Mais globalement oui.
-- Alors c'est juste l'histoire d'un mec qui se prend un râteau ?
-- Et bien, si vous arrivez à m'expliquer pourquoi vous le pensez, vous aurez déjà la moyenne.
Un autre élève intervient.
-- Bah... On sait pas s'il a des chances : elle dit rien la meuf !
-- Bien, vous venez de comprendre le sens du mot "aphone" qui est dans le titre qui veut dire "qui ne parle pas" ou "qui ne peut pas parler". Elle ne dit rien, mais le poète l'observe (oui c'est pareil que "la mate en loucedé" je confirme). Qu'est-ce qu'elle fait ?
-- La tronche, non ?
Éclat de rire général.
Le professeur rengaine son stylo plus fort que l'épée.
-- Félicitations, vous êtes lancés. Notez toutes les questions que vous avez par rapport à ce qui se passe, et essayez d'y répondre. Puisez dans votre expérience personnelle. Les relations humaines, ça ne se périme pas facilement, quelle que soit l'époque... Allez zou, j'ai dit deux heures...
L'élève du fond insiste.
-- M'sieur, j'ai quand même pas compris cette histoire de faune, y a pas d'animaux dans le truc ?
-- Pas LA faune, UN la faune. Un faune est une créature mythologique mi-homme, mi-bouc.
-- Ça se peut pas, m'sieur...
-- Les sirènes ça n'existe pas non plus, et pourtant tout le monde sait ce que c'est...
Rumeur de protestation.
-- Non, nous on sait pas du tout ce que c'est votre machin.
-- Bien, puisque vous avez tous allumé votre téléphone pour pomper sur Wikipedia, tapez donc faune et voyez ce qui tombe comme image...
Après un trop bref silence, nouvel éclat de rire. Inextinguible.
-- Je suppose que vous venez de lire la légende de la photo ? Quelqu'un pour la lire à ses camarades ?
-- "Satyre jouant du pipeau".
-- Bien, je pense que la créature mythologique qu'est le satyre une fois visualisée, vous pose moins de problème que le faune, et que pour ce qui est du pipeau, par un fait extraordinaire, la richesse de notre langue verte (l'argot, Corentin) vous aiguillera dans un sens intéressant pour votre devoir.
-- M'sieur, c'est quand même n'importe quoi... Pourquoi le mec, c'est pas juste un mec ? Pourquoi c'est un faune machin, là ?
-- C'est moi qui vous pose la question.
-- J'ai demandé en premier, m'sieur...
-- Et bien je m'attends donc à ce que vous donniez le premier la réponse !
-- On peut toujours essayer, maugrée l'élève du fond.
-- Vous êtes plus doué que vous le pensez : vous venez de dégager l'éthique du faune... Continuez comme ça et vous ferez un bon devoir.
L'élève sourit et secoue la tête modestement.
-- Oh ça non, vous inquiétez pas m'sieur. Je vais pas me taper la honte devant les autres pour avoir eu une bonne note sur un poème !
Le professeur s'en retourna derrière son bureau. Il se dit que l'an prochain, il essaierait bien la géographie.
Trop de la balle, Anna!
RépondreSupprimerJe plussoie Corentin. Anna mérite 20/20.
(Merci pour la dédicace)
Attention, si tu plussoies... je pourrais bien bisser ! :-D
RépondreSupprimerMais, j'espère bien, et plus encore!
RépondreSupprimerEt bien en attendant que la muse me visite...
RépondreSupprimerSi tu n'es pas lassée des commentaires composés sur des poèmes amateurs en alexandrins...
Si tu n'as rien contre le fait d'en savoir plus sur Vénus et Mars éternels, au passage...
Et si tu aimes aussi les jeux de piste...
Je pourrais te suggérer de jeter un oeil à la page 8 du Bulletin 24 que je viens de mettre sur Issuu. :-) L'article s'appelle : Le ballet céleste de Vénus et Mars, par moi-même.
http://issuu.com/oeildhoros/docs/odhmag24
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