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Ce blog propose de courts billets en rapport avec l'astrologie des astéroïdes.
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Le Gravier Cosmique
fait partie de la constellation de L'OEIL D'HOROS, mon site personnel d'astrologie

mercredi 24 août 2011

Les cubewanos et Borasisi

L'article précédent m'a donné l'occasion de réaliser que je n'avais jamais rédigé quelque chose présentant les "cubewanos" à la suite des "plutinos". Réparons partiellement cet oubli. Cette fois, ce sont de petites planètes orbitant après Neptune. Elles ne sont pas en résonance avec elle, ne coupent pas son orbite, c'est aussi la raison pour laquelle on les désigne comme "objects classiques de la ceinture de Kuiper". 

Leur nom exotique vient de la désignation temporaire du tout premier d'entre eux qui était QB1 (prononcé kioubiwann). A l'époque (1992), sa découverte a causé de l'émoi : c'était le premier qu'on découvrait après Pluton ! Ensuite, tous ceux qui ont été trouvés, et qui présentaient des caractéristiques similaires, ont été désignés sous ce terme comme une "sous-catégorie" de classification.

Qui sont les cubewanos ?
QB1
(en passe d'être nommé Ouroborus ?), Borasisi, Chaos, Deucalion, Varuna, Quaoar, Logos et Teharonhiawako. Depuis peu, Haumea et Makemake sont classés directement comme planètes naines.


Les pages du Bulletin de l'Oeil ont déjà donné les aperçus de Richard Doyle sur Logos et Quaoar (n°57 et n°63), issus du site de La Lyre du Québec, qui a publié également sur Chaos et Teharonhiawako...


Borasisi
Mais celui qui m'intéresse aujourd'hui parce que je viens de le repérer, c'est Borasisi. En visite sur le site de Zane Stein (Chiron & Friends), j'ai trouvé un extrait assez long que je vais vous traduire ci-après. Ce qu'il a, à mes yeux, de plus remarquable et qui constituera sans doute pour d'autres la plus grande source de désintérêt, c'est que Borasisi est nommé d'après une mythologie créée... au XXe siècle !

Pour ceux qui ont décidé de rester malgré cet affront direct fait à la Tradition et à son "sérieux" gravé dans le marbre, voici ce que nous dit Zane à son sujet :

<< La planète mineure 66652, précédemment désignée 1999 RZ253 a été découverte le 8 septembre 1999. Elle met environ 292,6 ans à faire le tour du Soleil. A son périhélie, elle s'approche de 39,982 U.A. et se trouve au plus loin (aphélie) à 48,164 U.A. Elle a une excentricité de 0,0928 et une inclinaison de  0,5629.>>


Wikipedia donne 288 ans. On peut d'ores et déjà repérer la différence avec un plutino (ou un plutoïde), les cubewanos ne sont pas en résonance avec Neptune et sont sur des orbites régulières, et peu inclinées (tout le contraire de Pluton qui est très incliné et dont l'orbite est très elliptique). On suppose que leur formation est identique à celle des planètes : par accrétion de matière.

<< Les autres corps célestes de cette page, ont été nommés d'après des divinités au coeur de mythologies du monde entier, rapportées par des cultures différentes. Mais le nom de Borasisi est unique. Il provient de la mythologie d'une culture inventée par le romancier Kurt Vonnegut. Dans son roman, Le berceau du chat, Vonnegut nous emmène sur la petite île de San Lorenzo où un homme se faisant appeler Bokonon avait inventé une religion, de son propre aveu, complètement fondée sur le mensonge. Ses dévôts, les Bokononistes, enseignaient à leurs enfants le mythe de la création du dieu solaire Borasisi :

"Borasisi, le Soleil, serra Pabu, la Lune, dans ses bras, dans l'espoir qu'elle concevrait de lui un enfant de feu. Mais la pauvre Pabu donna naissance à des enfants froids qui ne brûlaient pas ; et à chaque fois, Borasisi les rejetait avec dégoût. Ces enfants étaient les planètes qui encerclaient leur terrible père tout en restant à une distance qui soit sûre pour eux. Pour finir, la pauvre Pabu elle-même fut repoussée et elle parti vivre auprès de son enfant préféré qui était la Terre. La Terre était la préférée de Pabu parce qu'il y avait des gens dessus, et parce que ces gens levaient les yeux vers elle, l'aimaient et compatissaient pour elle".

Ainsi, au contraire de Varuna, Sedna ou Deucalion, figures centrales de mythes transmis génération après génération, le mythe du dieu Soleil Borasisi a été créé au vingtième siècle, dans l'esprit d'un homme qui a aussi créé le peuple qui croyait en lui. J'en dirai davantage sur l'esprit de Vonnegut dans un moment.

L'objet de notre système solaire que nous appelons désormais Borasisi s'est avéré être binaire le 23 avril 2003, comme la Terre et sa lune, et son compagnon a été baptisé Pabu, d'après la même histoire.

Je me suis demandé où tombait Borasisi dans le thème de Kurt Vonnegut, puisqu'il s'agit de sa création, et j'ai donc fouillé AstroDataBank et trouvé qu'il était né le 11 novembre 1922 à 8h du matin, Indianapolis (Indiana) 39N46 86W09. En montant son thème, je pouvais facilement voir pourquoi j'aimais ses livres (ma Lune est étroitement conjointe à son Ascendant et sa Vénus), mais je suis presque tombé de ma chaise quand j'ai découvert combien Borasisi était significatif dans son thème !

Dans sa maison 11, une étroite conjonction de Mercure (3°25 du Scorpion) à Jupiter (4°03) encadrait pile Borasisi (3°55) !

La proximité à ses planètes mentales est suffisante en elle-même. Mais pour qui a lu Le Berceau du chat, vous y retrouvez également la position en maison XI (amis, groupes, équipes et associations) de façon assez remarquable. Laissez-moi faire une autre citation de ce roman :

"Nous les bokononistes, croyons que l'humanité est constituée en équipes, des groupes qui réalisent la volonté de Dieu, sans jamais découvrir le fin mot de ce qu'elles font ensemble. Bokonon appelle ces groupes des karasses. 'Si votre vie se retrouve intriquée à celle d'une autre personne sans que vous n'y voyiez de raison logique', écrit Bokonon, 'cette personne est peut-être un membre de votre karass'. Et à propos d'un monde rempli de faux karasses, assemblés par l'homme qui ne s'avèrent être qu'un 'semblant d'équipe totalement inutile sur le plan de la façon dont Dieu s'y prend pour que ses volontés soient réalisées' est l'exemple de ce que Bokonon appelle un grandfalloon. D'autres exemples : le parti Communiste, les Filles de la Révolution Américaine, la General Electrics... et n'importe quelle nation, d'où qu'elle soit et de tous temps".

Vonnegut ayant Borasisi dans la maison des associations, décrit clairement la différence entre des associations où les gens partagent une destinée commune et celles qui rassemblent des gens pour des motifs inventés ou fictifs.

Au moment de sa découverte Borasisi était à 25°32 du Verseau. Le degré sabian de ce degré est : Un garagiste vérifie une batterie à l'aide d'un hydromètre. J'ai déjà vu un mécanicien exécuter cela, qui déduisait la charge restante de la batterie par la densité de l'acide sulfurique encore présent.
La batterie est un lieu où un produit toxique et dangereux a été apprivoisé et mis à notre service. Si la densité de l'acide est trop forte, elle peut endommager la batterie, si elle est trop faible, la batterie ne peut être chargée. Dans notre estomac, de dangereux poisons font aussi bon office. En mauvais dosage, les sucs gastriques dévoreront les muqueuses ou ne seront pas capables de décomposer les aliments pour les convertir en énergie dont le corps a besoin.
Métaphoriquement, on peut utiliser ceci à différents niveaux. Par exemple, utiliser certains mots dans le bon contexte, avec juste assez d'emphase, peut galvaniser les gens. Les mêmes mots dénués de sentiment peuvent s'avérer totalement sans effet, tandis que trop d'intensité mise derrière ces mots peut les rendre mordants et même destructeurs.

Pour en revenir au livre de Vonnegut un instant, Bokonon affirme que sa religion repose sur des non-vérités qui ne font aucun mal (des mensonges en toute innocuité), et que l'essence de sa religion est que chacun devrait vivre par des mensonges qui le rendent 'courageux, heureux et en bonne santé'. Les mensonges peuvent être comme l'acide sulfurique, brûlant tout ce qu'ils touchent, mais il y a aussi des situations où ne pas dire la vérité est la meilleure chose à faire dans ce cas précis. Nous avons même les termes de "mensonge blanc" ou "noble mensonge" dans notre vocabulaire (Anna : euh, nous, on ne les a pas... peut-être "pieux mensonge" dans la langue populaire, mais qui est vigoureusement réfuté par le catholicisme pour lequel aucun mensonge ne saurait être "pieux"), tous deux utilisés en référence à des situations où un mensonge est proféré pour de nobles et bonnes raisons. >>


Notons que ce mensonge blanc ou noble mensonge n'est tout de même pas étranger à quelques significations basiques de Mercure (celui qui manipule les mots...) et Jupiter (noble, aux aspirations élevées).


>> Ephémérides de Borasisi tout seul, sur True Node Astrology Tools
>> Ephémérides de tous les cubewanos (hors planètes naines) sur True Node AT
>> Ephémérides des planètes naines du fond (sans Cérès) sur True Node AT

6 commentaires:

  1. Bora si! si!

    Hello

    Très sympa ce Portrait du Dieu aux doux mensonges imaginé par Vonnegut... avec son cubewano à l'orbite tranquille enveloppant Pluton & Neptune...

    - Là aussi, tout un programme, comme par exemple: tirer sa force du rêve (Pluto + Nep);

    - ainsi qu'une douce ironie -amusée mais bien ajustée..: comme voulant dénoncer les dérives de la foi (tjrs Pluto + Nep)...

    Un Dieu-Personnage de (science-)Fiction, équipé récemment d'un vaisseau cubewano par la Science, et auquel l'astro doit accorder un "sens"...

    Sur ce dernier point, Borasisi possède sans doute un spectre assez large: (??)

    Vérité, Mensonge & Paradoxe; Dérision; affres de la Paternité; Distance avec son œuvre; r^ves & Réalités... ?

    Merci pour ce voyage Smile!

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  2. Hello Tsili,

    Merci pour ce retour et ces idées.

    Contrairement à Zane Stein, je ne suis pas sûre que Borasisi incorpore des significations qu'il vaudrait théoriquement mieux assigner à... Bokonon ! C'est en effet le nom du prophète de cette nouvelle "religion" et Borasisi n'y semble pas le Dieu à la majuscule, mais le soleil divinisé dans un conte qu'on raconte aux enfants pour leur expliquer la création du monde...

    Pour savoir qui est Borasisi, il faut en décoder ce que raconte le "néomythe". Que c'est un dieu qualifié de "terrible père" qui repousse sa progéniture parce qu'elle ne lui ressemble pas (ses enfants sont froids et il voudrait des enfants qui brûlent comme lui). Borasisi a quelque chose d'Ouranos refoulant dans la matrice de Gaia ses premiers enfants dont il n'était pas très satisfait...

    Le mythe "explique" pourquoi il y a des orbites, en psychologisant (anthromorphisant) : les enfants craignent leur père et restent à distance respectueuse (pas trop près, pas trop loin).
    Il résoud assez joliment le paradoxe qui fait de tout temps de la Lune une épouse du Soleil (les deux sont symboliquement placés en tant que parents) alors que la Lune n'est qu'un "pauvre" satellite, elle n'a rien pour rivaliser astronomiquement parlant avec le Soleil. Mais dans notre ciel c'est la chose la plus grosse et par un mystère merveilleux, vus d'ici leurs tailles semblent équivalentes.
    Le néomythe de Borasisi et Pabu fait de la Lune une "épouse répudiée".

    Je ne sais où est l'ile de San Lorenzo mais je parierais pour une localisation où il fait très chaud. Les mythologies du désert rendent le soleil écrasant et la lune éclairant la fraicheur nocturne... bienfaisante.

    Borasisi est donc un dieu dur, volontaire, aux idées fixes, assez tyranique et sans empathie pour ce que le mythe rapporte de lui. Ce qui est peu il faut en convenir.

    Cela semble assez différent de la philosophie bokononiste où le mensonge est admis dans la mesure où ferait de nous des hommes et des femmes meilleurs...

    Pour l'annecdote, Quaoar, autre cubewano peut- être impliqué dans la création de mondes dussent-ils être fictifs, est au sextile de son Mercure (5° en Vierge) dans le thème de Vonnegut.

    De plus, il existe un astéroïde Vonnegut (je l'avais repéré lors de l'étude du thème astéroïdal de Julian A.), et c'est astéroïde est bizarrement assez proche du Soleil de naissance de Vonnegut.

    Les astronomes sont cultivés, il n'est pas à exclure que découvrant un nouvel astéro proche de la date anniversaire de l'auteur ils aient pu le baptiser ainsi en son honneur. Mais il faudrait leur demander. :-D

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  3. Je viens d'ajouter : un lien qui présente le tableau des éphémérides de tous les cubewanos (hors planètes naines) et un lien pour les planètes naines du fond (sans Cérès).

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  4. (suite)Je faisais des recherches qui m'ont pas donné satisfaction sur le film Pina sortie le 6 Avril 2011 en France mais pas de date précise ultérieure . En Janvier 2011 Vénus arrivait sur Quaoar , le pourquoi ce film n'a pas eu vraiment le succès attendu du public ... j'ai bien aimé la bande annonce mais je ne pense pas que ce film à un lien avec Quaoar dont l'appel est vers le Sacré ...

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  5. Bonsoir LuneSoleil,
    Oui Quaoar est un dieu créateur, c'est à dire que selon la mythologie tongva, pour que le monde naisse, il l'a dansé et chanté.
    Dans notre culture judéo-chrétienne occidentale, le dieu créateur a "parlé" le monde, pour que le monde naisse, il a fallu du verbe, du son, et c'est cela qui l'a créé (dans nos propres mythes religieux).
    Chez les tongvas, le dieu a "dansé et chanté le monde" pour lui donner vie, forme et matière.
    Comme le chant et la danse sont très importants dans la culture tongva alors Quaoar est devenu par extension un "dieu de la danse".

    Mais je suis d'accord avec toi pour dire que tant qu'on n'y met pas une intention particulière (dans la danse) qui dépasse le profane, je ne suis pas sûre que Quaoar soit pertinent.
    Mettons qu'on soit une personne qui aime danser, bouger, sentir son corps en mouvement, par pur plaisir, ou pour évacuer un trop plein d'énergie, ou pour "s'éclater" et bien se fatiguer... Où est la création ?
    Dans son article Richard Doyle étudiait en particulier le thème de "chorégraphes". Un chorégraphe n'est pas "juste un danseur", il compose un ballet sur le plan de la danse, il traduit une intention, une idée, un concept, par les mouvements, et essaie de nous raconter quelque chose. Le chorégraphe est déjà beaucoup plus dans la création, l'intention, le "dessein", plutôt que des mouvements "gratuits" qui ne font qu'exalter la pulsion de vie... :-) C'est bien aussi, mais peut-être que ce n'est pas essentiellement typique de Quaoar.

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  6. Dans le Bulletin n°66 consacré au portrait de Fabrice Luchini, le planétoïde Logos remporte la palme d'or du placement confondant et ultra-signifiant à la fois. Si vous avez besoin de réviser votre Logos, téléchargez le Bulletin 57 cité plus haut dans l'article.

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